vendredi 29 octobre 2021

Le Lolita de Nabokov

 


Il m’a fallu plus de trois semaines pour lire le sulfureux roman de Vladimir Nabokov  ; ce qui chez moi représente un temps de lecture très long. Je dois bien avouer que la digestion de plusieurs pages invite plus au dégoût qu’à une appétence gargantuesque.

Cette lecture a donc été très fastidieuse et pourtant à aucun moment, je n’ai remisé le bouquin dans le carton réservé aux livres sans intérêt. D’ailleurs, à aucun moment je n’ai eu cette idée. 

Nabokov possède, c’est indéniable, le talent pour transporter le lecteur dans l’univers de l’abject Humbert Humbert.  

Dès les premières lignes, ce pervers fait étalage de la fascination qu’il voue pour les nymphettes et plus précisément pour Lo : Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta.

Tout au long du récit (517 pages), Humbert, raconte la passion et l’amour extrême qu’il a pour Lolita. Il expie aussi ses fautes, exprime son dégoût de lui-même, mais cela ne l’empêche de recommencer. [… et la tendresse s’intensifiait alors pour se muer en honte et en désespoir, et je consolais et berçais ma gracile et solitaire Lolita dans mes bras de marbre et je gémissais dans ses cheveux brûlants, et je la caressais ici et là, et sollicitais silencieusement sa bénédiction, et, soudain, au paroxysme de cette tendresse humaine déchirante et désintéressée, le désir s’enflait de nouveau horriblement de manière ironique — oh, non disait alors Lolita en soupirant, prenant le ciel à témoinpage 458/459

Serge Gainsbourg qui a fait des lectures de Lolita dit d’elle «  Lolita est une petite conne  ». Voilà un jugement que je ne partage nullement. 

Chacun se fera la lecture qu’il voudra de ce roman. Pour ma part, j’ai été très ému lorsque Lolita déclare à Humbert en parlant d’un ancien compagnon à elle «  Lui il m’a brisé le cœur. Toi, tu as simplement brisé ma vie  ». Nabokov fait une fois de plus planer l’ambiguïté sur la vision de Lo à l’égard d’Humbert.

La postface sous la plume de l'auteur exprime la genèse de ce roman. Elle est absolument nécessaire afin de cerner le contexte. J’aurais préféré voir tout cela en préface. Allez savoir pourquoi…

Si vous en avez l’envie, vous pouvez pénétrer cet univers. Quant à moi, d’ici quelques mois, je ferai une seconde, une troisième lecture pour tenter de comprendre tout ce qui m’a échappé. Mon sentiment sera tout autre, peut-être, ou pas…

J’ai aimé ? Je n’en sais rien. 

J’ai détesté ? Je ne peux pas dire ça. 

Tout ce que je sais c’est que je ne suis pas sortie indemne de cette lecture.

Afin d'être plus précis, je vous invite à regarder le reportage que la chaîne Arte propose sur le sujet : Lolita méprise sur un fantasme. Dans le sujet, le témoignage de Vanessa Springora, Le Consentement, me semble particulièrement intéressant.

jeudi 21 octobre 2021

Prendre de la hauteur


 À l’image de ce Voyageur contemplant une mer de nuages (l’un des tableaux célèbre du peintre et dessinateur prussien Caspar David Friedrich, je préfère aujourd’hui prendre de la hauteur ; ne pas consommer et donc ne pas réagir à l’immédiateté des évènements qui me sont factuellement proposés. 

Pour briser la métaphore, l’état du monde m’emmouscaille, pire, il me fait peur. 

Je ne vais pas me lancer dans des concepts tarabiscotés pour vous expliquer cette aversion pour la société qu’ils nous fabriquent depuis des années. Lorsque j’écris « ils », sachez que je parle des puissants. Ceux-là, je les loge à peu près tous à la même enseigne. Si peu depuis plusieurs décennies ont œuvré avec le discernement nécessaire pour un monde meilleur. 

Ces maestros qui nous gouvernent nous jouent de bien pâles partitions. 

Le bien commun ne veut absolument rien dire. Et, ne venez pas me rétorquer que je sois ingrat ou que je ne sois pas lucide. J’observe juste l’état des lieux de notre planète, j’observe les dérèglements environnementaux, j’observe le fossé des inégalités se creuser ici et ailleurs dans le monde, j’observe ceux qui ne rient plus et qui sont de plus en plus nombreux, j’observe ceux qui comptent dès le 15 du mois, mais cela *ça n’a pas l’air d’inquiéter les cardinaux en costume, derrière les vitres teintées [*Francis Cabrel]. 

Pour masquer leurs manquements, ils nous inventent à grands coups de communication, des éléments de langage, et sortent de leurs chapeaux de fantasques personnages — pantins de chiffon —, issus de je ne sais quel sérail pour diriger nos destinées.

Nous dupes, lavés, essorés, rincés, par le truchement des médias aux ordres, nous perdons notre libre arbitre, pour sombrer sous les servitudes de ces maîtres extragalactiques.

Nous pensons ce qu’ils nous invitent à penser, nous votons pour ce qu’ils nous invitent à voter, nous mangeons ce qu’ils nous invitent à manger, nous respirons ce qu’ils nous invitent à respirer. Puis, nous écoutons religieusement les mièvreries d’une Christine et ses reines et allons au cinéma disséquer le dernier Chabadabada, c’est dire…

 

Faut-il dissocier l’œuvre et l’artiste ?

Voilà une question qui devrait diviser !  Je vais l’aborder au travers de trois personnalités : Charles Baudelaire , Michel Houellebecq ...