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dimanche 2 avril 2023

Faut-il dissocier l’œuvre et l’artiste ?


Voilà une question qui devrait diviser ! 

Je vais l’aborder au travers de trois personnalités : Charles Baudelaire, Michel Houellebecq et Jean-Louis Murat.

J’ai déjà évoqué ici le fameux Crénom, Baudelaire du regretté Jean Theulé, beaucoup trop tôt disparu. Dans son ouvrage, l’écrivain nous brosse le portrait d’un Baudelaire infâme, pire que cela même. Si le poète existait en 2023, il serait incarcéré ou interné dans un hôpital psychiatrique. Baudelaire était un être ignoble, mauvais comme la teigne, d’une monstruosité sans pareil avec les femmes. Si vous ne me croyez pas, vous pouvez consulter ce lien https://www.poesie-francaise.fr/charles-baudelaire/poeme-une-charogne.php — Une charogne, extrait des Fleurs du mal

Mes professeurs de français connaissaient-ils Baudelaire sous des penchants aussi pervers ? J’en doute. 

Il n’en reste pas moins que Les Fleurs du mal est une œuvre majeure de la poésie moderne… Alors faut-il pour autant s’abstenir de lire Baudelaire ?

Aujourd’hui, Michel Houellebecq défraie la chronique. En effet, dans un entretien avec le fondateur de la revue Front populaire, le philosophe Michel Onfray, l’auteur du prix Goncourt 2010, déclare : Le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n’est pas que les musulmans s’assimilent, mais qu’ils cessent de les voler et de les agresser. Ou bien, autre solution qu’ils s’en aillent

Ces propos sont complètement abjects. En réaction, Chems-eddine Hafiz, recteur de la Mosquée de Paris déclare : Qu’il amalgame le terrorisme à l’islam, je trouve ça inacceptable. Ce même recteur a déposé une plainte contre le citoyen Houellebecq, pas l’écrivain. Chems-eddine Hafiz, lui, ne fait pas d’amalgame.En réponse à ces frasques irrecevables, devrions-nous pour autant exclure les livres de Houellebecq de nos bibliothèques?

L’auteur-compositeur Jean-Louis Murat a tenu des propos complaisants envers Éric Zemmour, lors des dernières élections présidentielles : ce qui (lui) plaît » chez le chef de Reconquête « c’est son côté “fuck the system”, un peu punk. Puis de rajouter, être admirateur du candidat putatif Éric Zemmour. Par ailleurs, le chanteur voue un véritable culte en la personne de Michel Onfray qui, jadis, se définissait comme libertaire et proudhonien et qui aujourd’hui flirte progressivement vers l’extrême droite en animant depuis 2020 la revue Front Populaire. Au moment de la présidentielle, J.L Murat avait déclaré que s’il devait voter, il choisirait, je cite : le candidat soutenu par Onfray.

Alors, on fait comment, on n’écoute plus J’ai fréquenté la beauté, la chèvre alpestre, Mujade ribe,… sur sa platine disque ?

Pour ma part, j’arrive encore à différencier l’homme de ses productions artistiques. Ce n’est pas parce que Baudelaire était un sale type que je vais jeter Les Fleurs du mal, ce n’est pas parce que Houellebecq raconte des âneries que je ne vais pas relire La carte et le territoire, où que j’aille me priver d’entendre lorsque je suis vraiment en pleine forme, les mélodies suaves du natif de Chamalières.

À vos avis ?

vendredi 7 janvier 2022


 Ce 7 janvier dernier, je ne me suis pas précipité chez le libraire pour acheter votre huitième roman : Anéantir. J’ai attendu que la folie médiatique se calme un peu… Autant vous le dire tout de suite, sans être un houellebecquien farouche, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire tous vos précédents ouvrages.

À votre propos, j’aime à dire « Houellebecq soit on l’aime, soit on le déteste ». Je me rangeais dans la première catégorie. Je pense que vous êtes le seul écrivain français capable de développer cet éventail d’opinions aussi controversées. Gage de votre talent, de votre popularité, mais aussi de votre impopularité. 

Quel tour de force !

Autant vous le dire tout de go, j’ai plongé comme un bébé nageur dans les 587 premières pages.

Illico, j’ai adhéré à Paul Raison, le personnage principal : la cinquantaine haut-fonctionnaire au Ministère de l’Économie et des finances, son vide existentiel et les trois axes majeurs de l’intrigue qui débute par de la fiction politique, je suis propulsé en 2027, ça me parle bien ; l’éclairage sur l’anticipation avec les attentats et les mystères ésotériques qui les entourent m’envoient jusqu’à minuit et demi ; la maladie puis la déchéance de son père où l’univers des EPHAD est parfois d’un réalisme criant en phase avec l’actualité.

Ces cinq premiers chapitres sont à mon sens, ce que vous avez écrit de mieux jusqu’à présent. Le style, la posture du narrateur, les dialogues, les descriptions des scènes sont d’une très haute tenue. L’ami Hervé Resse ne tarit pas d’éloges à votre égard : Houellebecq est un genre de Balzac de son époque. Je ne sais dire s’il est « le plus grand écrivain français vivant »

Je n’étais pas très loin de partager son point de vue avant de commencer hier soir la lecture du sixième et dernier chapitre.

Mais pourquoi diantre m’entraîner sur cette voie ? 

J’étais comme beaucoup, je le suppose, dans l’attente des résultats des enquêtes à propos des attentats, de l’élaboration du nouveau gouvernement de Bruno Juge, de la fin proche ou pas de son père… J’imaginais presque que son beau-frère, Hervé était membre de l’organisation secrète Baphomet, ou que sa femme, Prudence, avaient des liens encore plus occultes avec la yucca ou wicca ; que se cachait-il de plus mystérieux derrière cette organisation ? 

Enfin, il y avait de quoi faire avec toutes ces intrigues… 

Même si je ne suis pas systématiquement un adepte des happy ends, ce dont vous ne m’avez que très rarement habitué, je m’attendais à une sorte de logique dans le récit.

Que nenni ! 

Je ne doute pas un instant que ces 137 dernières pages soient celles qui vous aient demandé le plus de travail de recherche. C’est pointu, il n’y a pas à dire, mais ce chapitre est totalement hors sujet et en inadéquation inutile avec le reste de l’ouvrage.

Fort heureusement pour moi, je n’avais pas Jean-Louis Murat en fond sonore, j’étais déjà assez anéanti.

Faut-il dissocier l’œuvre et l’artiste ?

Voilà une question qui devrait diviser !  Je vais l’aborder au travers de trois personnalités : Charles Baudelaire , Michel Houellebecq ...